Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 85
dans l’atelier de Fragonard
ill. 16 : Nicolas Bernard Lépicié,
Le Jeune Dessinateur,
vers 1769-1772,
huile sur toile, 55 x 46,5 cm,
Paris, musée du Louvre.
tourner vers l’émigration saisonnière :
« Ceux qu’on appelle gens de peine,
sont presque tous étrangers. Les
Savoyards sont décrotteurs, frotteurs
et scieurs de bois ; les Auvergnats
sont presque tous porteurs d’eau ;
les Limousins maçons ; les Lyonnais
sont ordinairement crocheteurs et
porteurs de chaises ; les Normands,
tailleurs de pierres, paveurs et porteballes, raccommodeurs de faïence,
marchands de peaux de lapins ; les
Gascons, perruquiers ou carabins ; les
Lorrains, savetiers ambulants, sous le
nom de carreleurs ou recarreleurs31. »
31. Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, op. cit., t. II,
pp. 634-635. Voir également à ce sujet Les Rues de Paris
au xviiie siècle. Le regard de Louis Sébastien Mercier, dir.
Élisabeth Bourguinat (cat. exp., Paris, musée Carnavalet,
Les Savoyards exercent souvent
aussi les métiers de ramoneurs, de
commissionnaires et de colporteurs
de bulletins, livres, journaux, images
populaires ou estampes. Certains
« portent une vielle entre leurs bras,
et l’accompagnent d’une voix nasale.
D’autres ont une boîte à marmotte
pour tout trésor. Ceux-ci promènent
la lanterne magique sur leur dos,
et l’annoncent le soir au moyen
d’un orgue nocturne32 ». Les jeunes
Savoyards, qui ne retrouvent leurs
vallées alpines que l’été, sont donc
livrés à eux-mêmes. Évoluant au
milieu de passants indifférents, ils
cumulent généralement plusieurs
activités et, à l’occasion, servent
de modèles aux artistes.
Notre esquisse, où l’on devine un
mur couvert d’estampes à l’arrièreplan, a probablement été exécutée
par Marguerite Gérard à proximité
de la colonnade du Louvre. À la )n
du 73iiie siècle, le palais loge des
artistes et abrite les académies, les
institutions et les protégés du roi. Les
ateliers sont situés dans les salles du
rez-de-chaussée de la cour Carrée
et sous la galerie du Bord-de-l’Eau.
Depuis 1755, sous l’impulsion du
marquis de Marigny, surintendant
des Bâtiments du roi, des travaux
18 mars-20 juin 1999), Paris, Paris musées, 1999, p. 40.
32. Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, op. cit., t. I,
pp. 840-841.
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