Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 36
Précisions sur la provenance
A
ctuellement conservé dans
une collection privée,
Le Verrou ovale figure à
l’exposition « Fragonard » organisée
durant l’été 1954 au musée des
Beaux-Arts de Berne, où le tableau
est référencé comme appartenant à
la collection Clermont-Tonnerre1.
En 1845, l’œuvre est passée en
vente chez Ridel, sous le numéro
de lot 321, au cours d’une vacation
à l’hôtel des ventes mobilières,
alors situé au 16, rue des Jeûneurs2.
Une exploration des archives des
commissaires-priseurs3 a permis
d’établir que le propriétaire de ce
tableautin est un certain « Lawrence
Guérin, demeurant à Paris, rue
Saint-Honoré, n° 3424 ». La collection
que ce dernier choisit de disperser
lors de cette vente se compose de
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1. Fragonard (cat. exp., Berne, musée des Beaux-Arts,
13 juin-29 août 1954), Berne, Rösch, Vogt and Co, 1954,
n° 103 : « Le Verrou. Esquisse pour le tableau, connue par
la gravure de Blot. Huile et gouache sur papier collé sur
carton, H. 0.111 ; L. 0.082 ».
2. Rare et précieuse collection d’objets d’art, curiosités,
tableaux et miniatures provenant du cabinet d’un de
nos amateurs les plus distingués, experts : Simonnet et
Mannheim, Paris, Ridel, vacation du 14 au 17 avril 1845,
lot n° 321, p. 14. Les dates précises de l’exposition et de
la vacation sont l’objet de nombreuses imprécisions et
erreurs dans le catalogue, l’affiche de la vente ainsi que les
archives de l’étude (vente mentionnée par Ananoff).
3. Minutes et dossiers de vente de maître Ridel, Paris,
archives de la ville de Paris, D.42E3 16.
4. Notre œuvre porte d’ailleurs une inscription apocryphe
de ce dernier, en bas à gauche : « Lawrence coll ».
641 lots, dont plusieurs centaines
de tableaux, parmi lesquels une toile
sur le thème de L’Amour chasseur
(lot n° 479), attribuée à Fragonard,
et de nombreux autres signés
Vernet, Oudry, Murillo, Bronzino,
Watteau... À ces peintures s’ajoute
un grand nombre de miniatures,
de tabatières, de bijoux, de vitraux
ainsi que d’objets décoratifs et de
curiosités. Il est intéressant de noter
que le lot suivant Le Verrou, à savoir
le n° 322, est décrit comme étant
« du même [artiste] » et représentant
« les suites et pendant » du précédent
lot. Cela laisse supposer l’existence
d’autres œuvres de Fragonard, aux
techniques et formats similaires,
venant en complément de cette
version réduite du Verrou.
Grâce au généalogiste Xavier RobertMondin, il a été possible d’en
apprendre plus sur ce mystérieux
collectionneur. Lawrence Guérin
pourrait être en réalité le
pseudonyme de Laurent Joseph
Guérin de Tencin (1785 ?-1886 ?)5,
5. Dates établies à l’aide des différents documents
trouvés et étudiés. À ce stade, des éclaircissements et
études restent encore à mener afin de saisir au mieux
les éléments biographiques de ce personnage, mais
aussi pour éviter ou éluder la présence d’un homonyme.